Un geste éternel de la main, pour modeler et façonner, d'où sortent des chefs-d'oeuvre admirables. La poterie en Egypte a été un métier millénaire, ancestral et hérité des pharaons. Les potiers d'Egypte sont les maîtres de la terre. La poterie est ce patrimoine fait de bijoux modelés à partir de l'argile, de l'eau et du feu. C'est aussi un savoir-faire sur lequel il faut jeter la lumière et qu'il faut léguer aux générations futures pour protéger le métier.
On dit que la poterie est la fille du feu, puisqu'elle y est cuite. Paradoxalement, c'est l'eau qui a constitué la matière dont elle est faite. Mais qui en est le maître ? Rien que cet artisan talentueux qui passe des heures à travailler la terre pour tailler de beaux modèles décorant les maisons ou servant à la cuisine ou à n'importe quelle utilisation. Lui seul, a une prise sur la poterie, puisque d'une terre muette en un objet admirable qui raconte de longues histories, les potiers excellent à nous présenter leurs produits en terre cuite et en argile.
Leur quartier situé dans la région de Fostat (Misr al-Qadima ou le Vieux Caire), flaire l'odeur de la terre. Là, se trouve une trentaine d'ateliers de poterie et les artisans du métier vendent sur place leurs petites et admirables créations. La clientèle vient de partout et de toutes les classes, affirment les potiers du lieu.
Leurs visages et leurs habits sont couverts de blanc à cause de leur travail, leurs mains toutes noires d'argile et de pâtes, mais ils sont contents. La poterie est leur plaisir de la vie, affirment les potiers. Ils sont nombreux. Ils travaillent tous la même terre, mais bizarrement, chacun produit une multitude de chefs-d'oeuvre, enrichissant l'offre sur le marché.
Beaucoup d'entre eux conçoivent le métier de poterie de façon spirituelle et en font sortir une philosophie. Les potiers mènent une vie très simple. C'est de la terre qu'ils viennent. Ils disent qu'ils travaillent des jours et des nuits pour faire sortir de la terre, un chef-d'oeuvre admirable. Mais voilà que leurs compétences s'évanouissent devant Dieu qui a créé l'homme à partir de cette terre... c'est tout simplement leur philosophie et d'où ils tirent leur sérénité d'esprit.
« L'amoureux de la poterie », c'est ainsi qu'on le nomme. Mohamed Abou Gabal, un des plus célèbres potiers qui exerce le métier depuis plus de 20 ans. Pour se donner totalement à cet amour infini de la poterie, Abou Gabal a abandonné ses études. « C'est un métier authentique hérité des pharaons. C'est en exerçant ce métier et en travaillant la terre, en la façonnant et en la modelant, que je sens l'authenticité et l'histoire », dit Mohamed Abou Gabal, qui souhaite apprendre ce métier aux enfants sur une échelle plus étendue. « La poterie doit régir notre vie quotidienne... c'est plus sain », affirme-t-il, avant de reprendre : « Comment non, alors qu'elle vient de la terre ».
Abou Gabal explique que ce métier de poterie doit être appris dès un bas âge. Il révèle avoir passé une quinzaine d'années à apprendre comment modeler la terre. Le plus marquant est que lorsque Abou Gabal parle de son métier, il parle avec amour. Et quand il travaille la terre, on le remarque contempler et parler à la pâte comme s'il parlait à une personne.
La plupart des potiers ont le visage brun, comme la terre qu'ils modèlent. Comme si la terre leur donnait sa couleur pour les voir fusionner avec elle et produite une oeuvre ingénieuse. Ils ont aussi les mains dures après de longues années passées à façonner l'argile.
Avec une complète concentration et une habileté sans faille, les potiers façonnent l'argile avec leurs mains et leurs pieds, et font tourner cette roue pour la modeler.
Encadré
Tounès, ce village de Fayoum... le haut lieu de la poterie
Tounès est un petit village de Fayoum. Il été créé dans les années 1960 par deux poètes égyptiens qui souhaitaient encourager les habitants à devenir des artistes, mais il ne devint célèbre que dans les années 1980 lorsqu’Evelyne Porret, une femme suisse, qui travaille dans la poterie et la céramique, a ouvert son propre atelier avec son mari, affirme le site Espace manager, dans un article publié en 2017.
Cet atelier fut très rapidement transformé en école de poterie afin d'enseigner à tous les enfants de la région comment fabriquer des objets de poterie et les encourager dans cet art. Jusqu’aujourd'hui, les enfants du village pratiquent la poterie.
La céramiste suisse a réussi à transformer le village de Tounès en un haut lieu de la poterie. L'expérience est un succès. Des enfants à partir de cinq ans et des adolescents, filles et garçons confondus, découvrent les joies de pétrir la terre. Pour eux, c’est un jeu qu'ils commencent, et finissent par un travail de valeur.
Les touristes qui viennent admirer le fameux lac Qarun de Fayoum, tout proche, apprennent aussi à connaître cette école improvisée. Les œuvres des potiers en herbe séduisent. L’art naïf de l’école de Fayoum est né.
Depuis, les enfants de Tounès ont bien grandi et certains sont devenus de fameux potiers. Ils ont même parfois ouvert leur propre boutique dans le village. Ils ont eux-mêmes eu des enfants (des apprentis).
et les ont envoyés chez « Avelyne », comme ils aiment dire avec un accent égyptien si typique. D'autres ont fondé leur propre école ailleurs, comme à Louxor. Dans le village, les boutiques fleurissent.
(source : espace manager, dans un article publié en 2017)